Création 2009/2010
Texte : Jules Lagrafeuil. Yann Karaquillo
Mise en scène : Yann Karaquillo
Jeu : Marilyne Lagrafeuil. Laurent Rousseau. Yann Karaquillo
Musique : Laurent Rousseau
Scénographie-Lumière : Thierry Vareille
Sculpteur statue Roger Barreau : Jim Connell
Artiste photo invitée : Mathilde Fraysse
> C'était ta préférée, je crois.
« Comment de nouveau explorer la mémoire commune, collective comme on dit aujourd'hui (sans que pour ma part je comprenne vraiment ce qu'une mémoire peut avoir de collectif), à travers une mémoire individuelle ?
On sait combien la musique populaire – la variété (joli mot) - est à même d’immédiatement susciter (ré-ssuciter) une émotion personnelle liée à une image qu’on garde en soi pour continuer à devenir ; en photo intérieure, instantanée, dans notre « chambre noire ».
Un cliché est éclairé (sur-éclairé) par son indissociable négatif, sa part d’ombre, curieusement, ou sa trop grande lumière selon le point de vue, l’angle et l’éclairage de la pièce où l’on se trouve, quand on y revient en secret, à cette photo. Quelque chose – qu’on pourrait appeler le « moi-nous » se la raconte, là-dedans, notre vie, dans la certitude de ce qui reste, cette image un peu jaunie (« si la photo est bonne, qu’on m’amène ce jeune homme… »), cette mélodie trahie d’un refrain oublié (Comment ça faisait déjà ce truc ? Tu sais, ce que chantait… Qui déjà ?) avec en creux, l’Absent – nous comble. Parce qu’on a besoin d’enchanteur , l’Absent est toujours l’Enchanteur. Celui qui s’invente (lui-même et par nos yeux d’enfants) se rêve, incertain, une étoile, comme semée. Ce qui reste encore à dire, ce qui reste à répéter, c’est, une nouvelle fois, le lieu commun à tous et son particularisme pour chacun.« Ce sont des petits riens… » entonne un autre refrain. »
Yann Karaquillo. Metteur en scène.
Roger Barreau, enfant du pays, compositeur de génie spolié. L’inauguration de sa statue par les officiels et la population locale est le point de départ de cette grande soirée hommage. Roger Barreau, que tout le monde a oublié mais dont les chansons sont sur toutes les lèvres, reçoit enfin les honneurs qui lui sont dus. Les anciens membres de son groupe sont là, une énième fois pour le faire vivre, re-vivre en photos et en chansons, pour s’étonner de l’avoir côtoyé, pour célébrer au rang d’idole et célébrer sa mémoire.
Mais peut-être que ce soir, c’est l’hommage de trop, peut-être que ces trois-là en ont gros sur le cœur, et que l’Absent, Roger, ne suffit plus à faire scintiller leurs paillettes.
Dernière étape de la trilogie du « procédé collecte », le spectacle s’éloigne encore plus du territoire et de la matière collectée pour aller vers une invention pure, une supercherie peut-être, une fiction à laquelle tout le monde aimerait tellement croire, mais dont chacun garde le dénouement secret, comme le Père Noël dont on sait tous ce qu’il en est…